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Pourquoi jouons-nous à nous faire peur ?





Comment trouver un angle original afin de traiter du Coronavirus ? C'est un véritable casse-tête, au milieu d'une forêt d'articles, certains plutôt fournis et intéressants, d'autres totalement farfelus ou anxiogènes.


Abordons la crise d'un point-de-vue culturel. Non, je n’évoquerais pas ici la fermeture des centres culturels, cinémas, bibliothèques, annulation de concerts, etc. J'aimerais plutôt consacrer cet édito aux relations inattendues entre la psyché humaine et certaines œuvres de fiction, des liens qui peuvent sembler contradictoires mais qui s'expliquent parfaitement.


En effet, depuis le début de l'épidémie, on note une augmentation des ventes du livre La peste d'Albert Camus, et de manière générale un regain d’intérêt pour des œuvres de fiction telles que le film Contagion ou bien encore la série Pandemic sur Netflix.

Pourquoi remuer le couteau dans la plaie ? quelle pulsion masochiste nous pousse à accueillir chez nous les mêmes épreuves que nous vivons dans la vie courante ?


Il semble que l'humain aime jouer à se faire peur, cela provoque paradoxalement un réconfort naturel, nous comprenons en associant une situation grave mais distante, que le danger est écarté. Lorsqu'un automobiliste ralentit à proximité d'un accident, il obéit certes à des pulsions morbides, mais en jugeant d'une situation étrangère, il prend conscience de sa relative sécurité.


C'est peut-être un moyen de se rassurer, de se dire que cela n'Arrive qu'aux autres.

Dans les films ou les romans, tout le monde ou une partie de la population s'en sort au bout du compte. Même si personne ne survit, cela ne change finalement pas grand chose. Le point commun de ces œuvres est la fin, qu'elle soit heureuse ou apocalyptique, elle est écrite, filmée, terminée. On peut donc englober toute l'horreur d'une situation dans une mise en scène, avec le début, le milieu et la fin. un virus mortel, une météorite ou bien encore des zombies peuvent menacer d'extinction l'humanité toute entière, notre regard et notre réflexion seront toujours inclus dans ce cadre précis.


C'est justement ce qu'il manque actuellement, nous n'avons en effet que peu d'informations sur les origines de la pandémie, expérience de laboratoire ratée, transmission naturelle de l'animal à l'Homme, tout ceci reste flou. La situation actuelle ne permet aucune analyse pertinente, car nous n'avons aucun recul sur les événements, qui se succèdent depuis

le début de l'année 2020 à un rythme effréné. Quant au dénouement, il faut être devin ou charlatan pour affirmer quoi que ce soit avec conviction


Ainsi, nous nous heurtons à l'absurdité d'une crise sanitaire qui n'obéit à aucun agenda, aucun synopsis. Nous cherchons un sens à tout cela, des raisons, voire un responsable ( Chine, Laboratoires pharmaceutiques, Bill Gates, etc), mais en vain, il n'y a malheureusement aucune punition, aucune leçon à tirer de cette tragédie.


ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés


La Covid-19 fait donc partie des moments historiques aléatoires qui jalonnent la chronologie humaine. Mais cela ne signifie pas pour autant que le virus soit aveugle. Contrairement aux idées reçues, il ne touche pas toute le monde de la même manière.Les populations les plus vulnérables sont atteintes. Cette fragilité peut être sociale, médicale ou psychologique. il suffit de comparer le taux de mortalité chez les populations âgées et les jeunes, pour se rendre compte de cet écart. De plus, la condition sociale et matérielle conditionne l'impact sanitaire dans notre société. il est ainsi plus simple d'appliquer la distance sociale et le télé-travail pour les classes moyennes que pour le prolétariat.


On pourra conclure par un extrait des Animaux malades de la Peste :


''La Peste (...)Faisait aux animaux la guerre. Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés''


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