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Une Société sans Dieu?


"En ce jour du 25 décembre, un enfant naquit, qui transforma le monde à 30 ans. Joyeux anniversaire Isaac Newton, né le 25 décembre 1642".

Neil Degrasse Tyson, astrophysicien.

Nous vivons aujourd’hui dans une société désacralisée. On peut en expliquer les diverses raisons, s’en féliciter ou au contraire s’en désoler, mais les faits sont clairs. Religion autrefois majoritaire en Occident, le catholicisme est aujourd’hui moqué, raillé au mieux, voire critiqué et blâmé, au nom de la lutte contre la pédophilie ou le conservatisme. L’Islam est quant à lui réduit à un culte violent, source de terrorisme et d’idéologies barbares. Notre démocratie de marché semble avoir digéré et ringardisé les anciennes doctrines religieuses, au nom de la laïcité et du progrès humain.

Le Monde occidental a-t-il atteint le degré de civilisation ultime en tuant symboliquement Dieu ? Il ne s’agit pas ici de faire la propagande d’un retour aux traditions, ni de critiquer la laïcité au nom du respect de la foi. Maintenant que Dieu a quitté l’Occident, une question titille ma curiosité : Peux-t-on vivre sans spiritualité? Adopter les valeurs d’une doctrine religieuse est-il encore utile au 21e siècle ?

De tout temps, l'homme a cherché des réponses aux questions existentielles. Soit la question de son origine, mais aussi celle de sa finalité, son destin. Les anciens ont d'abord vénéré les astres, puis le monde les entourant, fleuves, forêts et animaux, cherchant ainsi à organiser leur univers autour d'une pensée cohérente.

« La gravité explique les mouvements des planètes, mais elle ne peut pas expliquer qui a mis les planètes en mouvement. C’est Dieu qui régit toutes les choses et qui sait tout ce qui existe ou peut exister. »

Isaac Newton.

L’Homme occidental a tourné le dos aux croyances ancestrales à partir des Lumières, soit vers la fin du 18e siècle. Le Québec, quant à lui, a rejeté en bloc la foi catholique depuis les années 60. S'opposant aux principes moraux conservateurs et archaïques, la nouvelle société issue de la révolution tranquille a exprimé son dégout, mettant fin à une relation de plusieurs centaines d'années. Les histoires d'amour finissent généralement mal, de nombreux québécois ayant vécu ou non cette union révolue n'hésitent pas à conspuer l'ex, comme si la douleur était encore vive.

En quelques décennies, une histoire plurimillénaire qui lie l’Homme au divin fut ainsi balayée. Soyons pragmatiques. Un modèle sociétal, quel qu’il soit, ne peut exister dans la durée que s’il est fonctionnel. Pourquoi a-t-on eu longtemps besoin de croire en une entité supérieur ?

La spiritualité permet de comprendre le monde en s'accaparant, voire en humanisant des phénomènes autrement inexpliqués. En cherchant des réponses aux questions existentielles, l’être humain a trouvé un but, mis en place des schémas, concepts, lui permettant de contrôler son environnement. De plus, la religion promeut un système de valeurs, à la fois code moral, style de vie et principe politique."Tu ne tueras point" définit une limite à ne pas franchir, sous peine d’être exclus de la communauté. Le Bien et le Mal, comme l’explique Rousseau dans Le Contrat Social, sont des concepts n’existant pas dans la Nature, donc fabriqués par l’Homme. Il nous est difficile de comprendre ce type de fonctionnement dans notre société occidentale désacralisée, pourtant cette construction sociétale existe encore de nos jours, dans les pays musulmans (République Islamique d'Iran) ainsi qu'en Israël, pays qui ne vit que par et pour l'ancien testament, véritable code civil et constitution nationale.

Sans interdits moraux, tout est possible, la seule limitation concerne le pouvoir d’achat, la démocratie de marché fixant les nouvelles règles du corps social. L’Homme devient marchandise, le corps de la femme, les enfants, tout est à vendre, il ne s’agit plus de savoir si c’est moral, mais combien ça coûte…N’oublions pas que le libéralisme poussé à l’extrême donne le Marquis de Sade.

Les influenceurs sociaux, nouveaux prophètes ?

La Nature ayant horreur du vide, on assiste depuis quelques années à l’émergence de nouvelles formes de spiritualité. Les influenceurs sociaux, nouveaux prophètes virtuels, mettent en scène leur mode de vie, incitent leurs disciples à suivre les préceptes qu’ils ont établis. Lecture, Musique, Nourriture, voire Politique, autant de nouveaux commandements qui attirent sans cesse de nouvelles brebis, soucieuses de suivre les codes et d’adhérer au groupe. Le Yoga, autrefois simple gymnastique, est ainsi devenu un style de vie, une cérémonie presque sacrée, faite de rituels et de mantras. Le végétarisme, pratiqué depuis des siècles dans le Monde, s’accompagne en Occident d’une pensée quasi magique, liant l’Homme à l’animal dans une vision animiste ancestrale.

Face au Marché, l’Homme occidental cherche ainsi une alternative, un moyen de s’élever spirituellement, d’échapper au Monde capitaliste froid, régi par un matérialisme dénué de toute valeur supérieure. Ces tentatives ne dureront peut-être pas, l’avenir nous le dira, mais elles témoignent en tout cas d’une envie commune d’obéir à un système de valeurs.


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