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De l'appropriation culturelle à la rhétorique de la repentance


La France, par l’intermédiaire du président Macron, a récemment pris la décision de restituer 26 œuvres réclamées par le Bénin, la plupart exposées au Musée des Arts Premiers à Paris. Parallèlement, le gouvernement français a exprimé la volonté de mettre en place une politique de coopération entre pays africains et européens, afin de continuer à proposer l’exposition des artefacts historiques dans les différents musées à travers l’Europe.

Certes, les pays africains ont le droit de réclamer le retour des objets archéologiques dans leurs pays d’origine, ceux-ci ayant une haute valeur patrimoniale et culturelle. Selon un récent rapport commandé par l’Élysée, 85 à 90% du patrimoine africain se trouve à l’étranger. Difficile d’imaginer la Joconde à New York ou le David de Michel-Ange à Tokyo.

Loin de moi l’idée de réhabiliter la colonisation, ni d’être nostalgique d’une période historique contestée. Le but est simplement de rééquilibrer les propos et d’apporter un éclairage objectif sur un événement.

L’appropriation culturelle, de même que la colonisation, n’est ni une bonne ni une mauvaise chose, les événements historiques passés ne peuvent être jugés avec le regard contemporain, sans forcément tomber dans la caricature.

Tout d’abord, la colonisation a toujours existé. Les romains ont dominé les gaulois, leur apportant routes, thermes, administration, etc. Plus récemment, les maghrébins ont été colonisés par l’expansion musulmane du 8e siècle, qui a conquis un Maghreb non musulman à l’époque. Ainsi, la colonisation, même effectuée sous les auspices guerriers, apporte son lot d’avancées culturelles. C’est l’exemple de Tintin au Congo, décrivant la fascination des populations indigènes pour les objets occidentaux présentés par le fameux reporter.

L’Histoire coloniale française, en l’occurrence, a été faite au nom des droits de l’Homme et du rayonnement occidental sur les peuples africains. La France a importé les routes, les écoles, la médecine, et l’administration, qui sont encore en vigueur au Maghreb par ailleurs.

Il n’existe pas de hasard en politique, l’Action du président Macron symbolise une tendance actuelle, la dénonciation de l’appropriation culturelle, à travers le rôle négatif de la colonisation française en Afrique. La France a pillé l’Afrique, les blancs sont responsables de l’appauvrissement et de la décrépitude dans lesquels le continent noir se trouve depuis maintenant plus de 50 ans. En effet, la décolonisation, processus par lequel, selon l’histoire officielle, les pays africains se sont émancipés de la tutelle européenne, s’est achevée au début des années 60. Pourtant, le trafic d’objets d’art africain n’a jamais cessé depuis. Il atteint aujourd’hui, selon une estimation d’Interpol, de 2 à 6 milliards, dont environ 400 millions de $US. Une grande majorité de ces œuvres atterrissent dans des collections privées, profitant notamment de la corruption très présente en Afrique.

Impossible de nier l’existence d’un véritable trafic pillant l’Afrique de ces merveilles archéologiques. Paradoxalement, cela a permis de mettre en avant un art africain qui n’aurait pas eu le même rayonnement sans cela, car la politique patrimoniale et culturelle est quasi absente dans la plupart des pays africains. De nombreux objets antiques ont ainsi été détruits tout au long de l’Histoire. On peut citer la démolition récente de mausolées du 15e siècle par des groupes islamistes au Mali.

Cette idéologie de la repentance est présente depuis quelques années en France, les différents présidents s’excusant en permanence, ici pour les atrocités commises durant la Seconde Guerre Mondiale, là pour les ravages de l’esclavage en Afrique.

La France a, comme tout autre Nation dans le Monde, commis de nombreux méfaits dans son Histoire vieille de 1500 ans. Mais elle a, surtout, donné naissance à d’innombrables personnages majeurs, un art, une architecture, une culture, et surtout, un modèle de civilisation unique, l’universalisme français, dans lequel la grande majorité des mouvements émancipateurs africains des années 60 ont puisé pour réclamer leur indépendance.


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