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De l’identité québécoise : Une main tendue mais ferme.


Le Premier Ministre François Legault a présenté les grandes lignes du gouvernement lors de son discours inaugural. Parmi les thèmes abordés, deux sujets peuvent être mis en parallèle. Il s’agit de l’immigration et des signes religieux. Plus précisément, le port de signes religieux sera désormais interdit, et un moratoire sur les flux migratoires sera vraisemblablement mis en place.

Deux thèmes a priori sans grand lien entre eux, mais qui pourtant définissent, entre autres, l’identité québécoise. Une histoire fondée à la fois sur des vagues successives d’immigration, une société consolidée par l’Église comme ciment des valeurs.

Comment se définit l’identité québécoise ? On peut, pêle-mêle, faire une liste non exhaustive du patrimoine commun : La musique, la gastronomie, les paysages, le cinéma, le langage, la littérature, la politique, la culture de manière générale, etc. Mais il manque un élément constitutif, qui englobe la Nation québécoise.

L’historien Ernest Renan, lors d’une conférence en 1882, définit la nation comme telle : « Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. »

Autrement dit, la nation est à la fois l’héritage commun, la culture dont j’ai donné quelques exemples, mais aussi la volonté de faire de grandes choses ensemble, une acception qui embrasse le passé et l’avenir.

Le passé du Québec, son histoire, c’est donc un rapport compliqué avec la religion, une histoire d’amour qui finit mal, et aboutit aujourd’hui au rejet presque viscéral de toute forme de bigoterie. C’est aussi un pays qui s’est construit par et avec les flux migratoires.

A travers le défi du vivre ensemble, la religion et l’immigration sont ainsi au cœur du débat actuel dans la majorité des États occidentaux, et le Québec ne peut échapper à la réflexion globale.

Religion et Immigration se confondent autour d’un thème : L’islam. En effet, le musulman et l’immigré sont une seule et même personne, critiquée à gauche par les laïcs et à droite par les anti-islamistes.

La volonté du gouvernement Legault de réaffirmer l’identité québécoise ne peut être balayée d’un revers de main antiraciste. On assiste en effet à un retour du nationalisme, que j’expliquerais lors d’un prochain édito. Un débat malheureusement vérolé en France, où le patriotisme renvoie aux heures les plus sombres de notre histoire, comme dit le président Macron : la nation c’est la guerre !

Un patriotisme québécois moins belliqueux que son cousin français donc. Parallèlement à l’interdiction du port de signes religieux par les fonctionnaires, Mr Legault affirme ainsi la présence du crucifix à l’Assemblée Nationale. Plus récemment, il a exprimé une volonté de repenser l’éducation nationale.

François Legault, et le Québec dans son ensemble, se trouvent donc aujourd’hui à la croisée de chemins. L’identité québécoise doit être repensée, le logiciel mis à jour. Mais attention à ne pas se tromper de cible, ne pas stigmatiser une partie de la population pour renforcer la cohésion sociale.

La solution passe certainement par la main tendue à l’autre, une main tendue mais ferme. Intégrer l’Islam dans la société québécoise, mais un Islam patriote, pas un Islam piloté à distance par d’étranges prédicateurs, exégètes autoproclamés.

Je terminerais en évoquant une anecdote qui m’est arrivée quelques années auparavant. En 2012, j’ai assisté à une réunion de boxe à Laval. Un boxeur noir, dont j’ai malheureusement oublié le nom, avait fait son entrée sur une musique africaine, mais arborait fièrement une culotte marquée de la fleur de lys…


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