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Les Médias libres n'existent pas


La décision du gouvernement Trudeau de proposer une aide financière de près de 600 millions de dollars aux différents groupes de presse écrite au Canada, a engendré un débat houleux. Le parti conservateur accuse le premier ministre du Canada de vouloir contrôler l’information, en s’achetant des appuis. Les défenseurs de cette mesure soutiennent le droit de la presse à exister en tant que service public, protégé et subventionné par le gouvernement.

Voilà deux visions naïves qui s’affrontent. Sans tomber dans la critique facile ou l’anathème, je veux revenir sur les arguments exposés par les différents camps.

L'information est-elle un service public ou un bien commercial ?

Les pro-Loi défendent la notion de service public, l’information est un bien qui doit être accessible à tous, de la même manière que l’électricité ou les transports en commun. C’est un point qui peut être valable, mais une question se pose alors : Qu’en est-il de l’indépendance de la presse vis-à-vis du pouvoir ? Le journalisme n’est-il pas supposé être un quatrième pouvoir, aux côtés de l’exécutif, du législatif et du judiciaire ? Que se passera-t-il le jour où un journal, par ailleurs redevable des aides publiques, devra critiquer le gouvernement ? Mordra-t-il la main qui le nourrit ? La séparation des pouvoirs, chère à Montesquieu, se trouve ici remise en question.

Les anti-Loi dénoncent ainsi la mainmise du pouvoir sur l’information, mettant en garde contre une possible censure des médias. Mais là encore, cette vision est simpliste, néglige totalement la réalité socio-économique qui habite le monde des médias et de l’information.

Dans une société libérale occidentale, la culture, comme l’information, sont devenus un bien commercial. Le but premier est donc de pouvoir exister économiquement, faire du profit si possible, et ainsi faire prospérer l’entreprise.

Malheureusement pour elle, la presse écrite n’est plus aussi rentable qu’autrefois, elle doit donc chercher de nouveaux financements. On arrive au cœur de mon article : les médias indépendants n’existent pas, car ils obéissent au Capital ( Se pose ici la question du financement privé et des différentes sociétés qui possèdent les grands groupes publicitaires ou de médias) et sont tenus par l’appareil d’État, via les différentes lois sur les Fake News, ou les contenus dits haineux en ligne. L’indépendance économique, seul facteur sérieux pour déterminer l’autonomie, disparait ainsi avec les lecteurs.

Fake News contre Ubérisation de l'information

Élargissons le débat en posant alors cette question : Pourquoi utilisons-nous de moins en moins les médias officiels, alors que la demande en information ne s’est jamais tarie ?

L’explication consensuelle donnée par les divers acteurs des médias est multiple : la recrudescence des réseaux sociaux, Google, Facebook, internet en général, coupables de distiller un journalisme 2.0 fournisseur, au mieux d’informations erronées, au pire de théories du complot.

C’est pas faux, mais que proposent les médias officiels contre cette concurrence ?

Ils ont d’abord essayé de copier ces modèles attractifs, en proposant de nouveaux formats plus "tabloïds", ce que j’appelle l’Ubérisation de l’information, moins d’analyses profondes, plus d’articles psy-cul, sans succès bien entendu. On pourra pardonner au lecteur, confronté au choix cornélien, de préférer, à qualités équivalentes, une information médiocre, mais gratuite.

Enfin, ce désamour du public provient aussi de l’uniformisation de l’information. C’est le culte de la dépêche allongée. Pour faire simple, Reuters, AFP ou Associated Press, diffusent des dépêches qui sont reprises et étirées en articles, développés et copiés par la plupart des grandes rédactions à travers le Monde. Le résultat de cette paresse éditoriale ? Les Médias traditionnels sont devenus un univers monolithique, pensant peu ou proue la même chose sur une majorité de sujets, réduisant le débat à quelques points sociétaux mineurs. Une remise en question est donc nécessaire, car l’avenir du journalisme traditionnel se joue en ce moment…


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